Combinaison de protection : pour tous les risques
Les combinaisons de protection font partie des EPI de base. Mais à chaque risque correspond un type particulier de combinaison. Du bon usage des vêtements de protection.
«Le désamiantage constitue l’essentiel de notre activité. Nous dépensons chaque année près de 30 000 euros hors taxes en combinaisons de protection jetables, soit 20 000 unités, pour l’ensemble de nos chantiers en France» note Céline Béclier, acheteuse pour le compte de la société WIG France, spécialisée dans la démolition et le désamiantage. Basée à Toul, en Meurthe et Moselle, la société est un des plus importants clients de Lapro, le principal distributeur des combinaisons Microguard.
Elle a essentiellement recours aux combinaisons de type 5 et 6, qui assurent une protection intégrale de l’utilisateur. «Les combinaisons Microguard offrent un bon rapport qualité/prix» souligne Mme Béclier, ce qui explique que la société utilise exclusivement ces produits depuis plus de trois ans.
En attendant 2015...
Damien Mazelin est le responsable QSE de la société depuis un an et demi : «nous n’avons aucun retour négatif sur ces combinaisons. Pour les avoir portées, je peux témoigner qu’elles sont légères et confortables.»
Pour autant, ces combinaisons devront évoluer avec la réglementation. Celle-ci prévoit, avec le décret n°2012-639, qu’à compter du 1er juillet 2015, la concentration moyenne en fibres d’amiante, sur huit heures de travail, ne devra pas dépasser dix fibres par litre. C’est une division par dix du taux précédemment autorisé et qui plaçait la limite à 100 fibres par litre. Il y a donc fort à parier que les combinaisons devront se plier à cette contrainte.
Pour information, ce décret fixe les modalités de mesurage des empoussièrements. Dorénavant c’est une technique plus moderne et qui permet de détecter plus de fibres qui sera utilisée, la microscopie électronique à transmission analytique. Trois catégories de classification sont alors mises en place. Au «premier niveau », l’empoussièrement est inférieur à la VLP. Au « deuxième niveau » la valeur est supérieure ou égale à la VLP et inférieure à 60 fois la VLP. Enfin au « troisième niveau » la valeur est supérieure ou égale à 60 fois la VLP et inférieure à 250 fois la VLP. D’après la lettre du décret, l’employeur est tenu de s’assurer du respect de la valeur limite d’exposition professionnelle pour l’ensemble des travailleurs et doit communiquer les conditions et les résultats des contrôles au médecin du travail et au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou, à défaut, aux délégués du personnel.
Entièrement étanche
Pascal Godbert est responsable qualité sécurité environnement dans le domaine des semi-produits au sein du groupe franco-allemand Mersen, depuis juin 2011. Spécialisé dans les matériaux et équipements pour les environnements extrêmes, dans la sécurité et la fiabilité des équipements électriques, le groupe a développé une expertise dans les équipements en graphite et métaux destinés à des environnements industriels exigeants : applications à hautes températures, équipements anticorrosion. Dans le domaine électrique, il propose des composants et solutions innovantes contribuant à la performance et à la sûreté des installations électriques : balais et porte-balais d’alimentation électrique, systèmes de transfert de signaux pour éoliennes, fusibles industriels ou refroidisseurs pour semi-conducteurs de puissance.
«Nous avons besoin de protéger nos opérateurs contre toute projection de poussières ou de liquides. Les combinaisons doivent donc être étanches. Compte tenu de la place prépondérante de 3M dans le domaine des combinaisons de protection, nous nous sommes orientés vers leur gamme 4530, après une phase d’essais qui s’est étalée de septembre à décembre 2011, pour un déploiement en janvier 2012» détaille Pascal Godbert. La gamme en question appartient à la catégorie II, de type 5/6. Elle protège de façon limitée contre les éclaboussures de liquide et les poussières dangereuses (lire notre encadré : Les six types de vêtements normalisés). Fabriquée à partir de matériau non-tissé SMS, elle est entièrement étanche.
Stock de sécurité
«C’est son avantage : elle est étanche aux poussières, avec une vraie souplesse d’utilisation, par sa légèreté, et le triangle dorsal qui permet d’aérer l’intérieur de la combinaison. Les opérateurs apprécient aussi les poignets en jersey, la taille et les chevilles élastiques, qui offrent plus de confort. De plus, sa couleur bleue nous permet de repérer rapidement les opérateurs. C’est le meilleur compromis pour notre activité» note Pascal Godbert.
Mais la combinaison a les défauts de ses qualités : «par forte chaleur, elle devient difficile à porter, du fait de son étanchéité.» Au total, Mersen a utilisé 1200 combinaisons de protection depuis le début de l’année : «sur le site d’Amiens, nous comptons 18 salariés qui en portent une tous les jours, en permanence, et une quarantaine d’opérateurs au total, auxquels s’ajoutent quelques sous-traitants, à qui nous fournissons quelques combinaisons. Lorsque la température grimpe, un opérateur peut changer de combinaison deux à trois fois par jour…»
Ce qui explique que Pascal Godbert prenne ses précautions en s’assurant de disposer d’un stock de sécurité d’une quarantaine de pièces, auxquelles s’ajoutent le stock de sécurité demandé au fournisseur qui lui permet d’être livré en 24h en cas de besoin. Les combinaisons sont complétées par un kit de respiration de type Jupiter, pour une protection maximale : «nous ne lésinons pas sur les équipements de protection individuelle. Le prix est secondaire. En termes d’EPI, nous respectons scrupuleusement la réglementation en vigueur…» souligne le responsable QSE.
La bonne combinaison
Deux principaux fabricants de combinaison de protection se disputent actuellement le marché français : 3M et DuPont. Chacun propose une multitude de modèles, adaptés aux différents risques et nécessités techniques.
Il existe de nombreuses matières, formes ou types de vêtements de protection contre le risque chimique, mais tous doivent impérativement porter le sigle CE, qui atteste que le vêtement répond bien à des exigences minimales de sécurité. Il doit être résistant au produit utilisé, car la résistance d’un matériau à un produit chimique n’est pas permanente. Tous les produits finissent par traverser la paroi du vêtement à plus ou moins longue échéance.
La combinaison doit être adaptée à la tâche à réaliser : la résistance physique du matériau doit convenir aux risques du poste (résistance à l’abrasion, à la coupure ou à la piqûre). Le risque que le vêtement soit happé par des machines tournantes par exemple, doit également être pris en compte. La combinaison doit enfin être  suffisamment confortable, adaptée à la taille de l’utilisateur, légère et perméable à la vapeur et à la transpiration, afin d’éviter toute contrainte thermique supplémentaire. Difficile lorsque les vêtements sont étudiées pour être étanches et ne pas laisser passer la vapeur d’eau ! Dans de tels cas, l’utilisation de vêtements ventilés ou réfrigérés, ou bien l’adaptation de la durée de travail doivent être envisagées.
Analyser le risque
La recherche du meilleur compromis entre protection et confort implique d’analyser l’ensemble des risques auxquels sont confrontés les utilisateurs. Même lors d’une démarche de protection contre le risque chimique, l’ensemble des paramètres inhérents au poste de travail doit être analysé. En effet, les risques présents au poste de travail peuvent être non seulement d’origine chimique, mais aussi mécanique (coupure, choc), électrique (contact direct, court-circuit), thermique (projection de liquide chaud, rayonnement thermique intense) ou liés aux rayonnements (ultraviolet, infrarouge, soudage, laser).
L’évaluation du risque chimique doit faire l’objet d’une analyse complète, qui permettra de déterminer la nature du produit concerné, sa composition, sa concentration, sa toxicité, sa nature physique (gaz, solide pulvérulent, liquide, brouillard) et d’évaluer le type de contact avec le produit chimique (immersion, pulvérisation, éclaboussure, contact avec une vapeur ou un brouillard).
Cette analyse permettra également de connaître les conditions d’utilisation du produit (pression, température) et de déterminer la durée de la tâche nécessitant la protection.
Police scientifique
Les professionnels qui évoluent dans ces environnements sont exposés à toute sortes de dangers inhérents aux substances manipulées ou aux situations dans lesquelles ils évoluent. Il est donc essentiel de les protéger contre toutes sortes de contaminants et particules à l’aide d’un vêtement de protection fiable et adapté. Avec une expertise de 18 ans dans le domaine de la protection, DuPont développe aujourd’hui une deuxième génération de combinaison. Baptisée Tyvek Classic Xpert, elle offre un niveau de protection et de confort supérieur pour les types 5/6.
Risque mécanique
Pour assurer la protection contre les coupures sans compromettre le confort ni la dextérité des opérateurs, DuPont a développé les combinaisons Kevlar Armor Technology. Plus léger et plus confortable que les solutions conventionnelles, ce vêtement protège efficacement le personnel, leur assurant aisance et dextérité dans la manutention de pièces électroniques, couteaux, lames et autres instruments tranchants. Ces combinaisons constituent également une solution pour des travaux impliquant des lames fixes, des opérations de coupe ou de taille, des environnements à haut risque, où le personnel manipule du verre, des objets métalliques pointus ou dentés, ou des matériaux abrasifs.
Côté utilisateur
Les exigences de l’opérateur comportent des aspects morphologiques : taille et corpulence de la personne ou longueur des bras et des jambes. Il faut également tenir compte des conditions de travail : tâches impliquant des efforts physiques, travail en espace confiné, température, humidité. Les utilisateurs sont généralement associés à ce type de démarche. Les opérateurs peuvent eux-mêmes préciser les risques et les contraintes auxquels ils sont confrontés et la nature de leur activité. Le médecin du travail peut apporter un complément d’information et aider à la recherche du meilleur compromis entre protection et confort. Après la sélection du vêtement en collaboration avec le fabricant, il est important de faire un essai en conditions réelles afin de déterminer d’éventuelles contraintes non repérées lors de la phase de sélection, et permettre une acceptation du vêtement par l’opérateur.
L’utilisation et l’entretien
La protection assurée par les vêtements ne sera effective et durable que s’ils sont correctement utilisés et entretenus. Quelques règles simples permettent d’y parvenir. La fiche de poste, rédigée par l’employeur, doit fournir toutes les informations sur les risques encourus à chaque poste de travail et sur les mesures de prévention dont la nécessité de porter de vêtements de protection. Dans la notice d’emploi du vêtement, fournie par le fabricant, on doit retrouver toutes les données utiles concernant le stockage et l’utilisation, les performances et limites d’emploi du vêtement ainsi que la signification des marquages.
Les vêtements doivent être inspectés avant toute utilisation afin de déceler un vieillissement prématuré ou un dégradation qui se manifesteront par un changement d’aspect ou de couleur (craquelures, micro-trous, points noirs sur le caoutchouc synonyme de prolifération bactérienne, odeurs). Les vêtements abîmés perdent en effet leurs performances de protection. En cas de détérioration ou de contamination, les vêtements seront immédiatement éliminés. Leur utilisation doit être prévue pour un poste de travail particulier. Une combinaison ne sera pas forcément adaptée à un poste différent de celui prévu au départ. Il faut donc éviter tout contact des vêtements souillés avec d’autres parties du corps (mains, bras, jambes).
Vêtements usagés
Les vêtements réutilisables doivent être nettoyés avant d’être retirés, selon les recommandations du fabricant. Un lavage à l’eau et au savon ne permettra pas toujours l’élimination des substances chimiques absorbées. A contrario, l’utilisation de solvants peut entraîner une dégradation du matériau. Il est conseillé de les retirer ensuite sans toucher leur surface extérieure. Pou limiter tout risque de contamination, les vêtements ne doivent pas être rapportés au domicile. Il est recommandé d’éliminer toute combinaison présentant des dégradations ou contaminée par des produits chimiques. La combinaison pourra soit être incinérée, soit mise en décharge, par exemple en en centre d’enfouissement de classe 1 pour les combinaisons ayant servi au désamiantage.

Les six types de vêtements normalisés
On distingue les vêtements réutilisables des vêtements à usage unique, ou «usage court».
Type 1 : combinaisons de protection chimique étanches aux gaz. Ces vêtements sont munis d’une alimentation en air respirable qui peut être, par exemple, un appareil de protection respiratoire isolant autonome à circuit ouvert dont les bouteilles sont portées à l’intérieur (type 1a) ou à l’extérieur (type 1b) de la combinaison ou un appareil à adduction d’air
(à pression positive, type 1c).

Type 2 : Combinaisons non étanches aux gaz, maintenues en surpression par une alimentation en air respirable.

Type 3 : vêtements de protection chimique étanches aux liquides sous forme de jet continu.

Type 4 : vêtements étanches aux brouillards, c’est-à-dire résistants à la pénétration de liquides pulvérisés.

Type 5 : vêtements de protection contre les produits chimiques sous forme de particules solides.

Type 6 : vêtements conçus pour les risques liés à une exposition accidentelle à des pulvérisations ou des éclaboussures limitées de produits chimiques peu dangereux.
Les normes en vigueur
Les vêtements de protection contre le risque chimique font l’objet de nombreuses normes (ou projets de normes) européennes ou internationales, lesquelles définissent les six types de vêtements selon le risque d’exposition. Les normes décrivent les essais que doivent subir les vêtements ainsi que les performances que doivent atteindre les textiles utilisés ou les vêtements dans leur globalité. Un classement de la mesure des performances est proposé par ces normes et la classe de performance est symbolisée par un chiffre.

NF EN 340 : juin 2004 : Vêtement de protection. Exigences générales.

NF EN 463 : décembre 1994 : Vêtement de protection. Protection contre les produits chimiques liquides. Méthode d’essai : détermination de la résistance à la pénétration par un jet de liquide (essai au jet).

NF EN 464 : décembre 1994 : Vêtement de protection. Protection contre les produits chimiques liquides et gazeux, y compris les aérosols liquides et les particules solides. Méthode d’essai : détermination de l’étanchéité des combinaisons étanches aux gaz (essai de pression interne).

NF EN 468 : décembre 1994 : Vêtement de protection. Protection contre les produits chimiques liquides. Méthode d’essai : détermination de la résistance à la pénétration par un brouillard (essai au brouillard).

NF EN 943-1 : juillet 2003 : Vêtement de protection contre les produits chimiques, liquides et gazeux, y compris les aérosols liquides et les particules solides. Partie 1 : exigence de performance des combinaisons
de protection chimique ventilées et non ventilées «étanches aux gaz »
(type 1) et « non étanches aux gaz » (type 2).

NF EN 943-2 : septembre 2002 : Vêtement de protection contre les produits chimiques liquides et gazeux, y compris les aérosols liquides et les particules solides. Partie 2 : exigence de performance des combinaisons de protection chimique étanches aux gaz (type 1) destinées aux équipes de secours (ET).

NF EN ISO 6529 : décembre 2001 : Vêtement de protection. Protection contre les produits chimiques. Détermination de la résistance des matériaux utilisés pour la confection des vêtements de protection à la perméation par des liquides et des gaz.

NF EN ISO 6530 : novembre 2005 : Vêtement de protection. Protection contre les produits chimiques liquides. Méthode d’essai pour la résistance des matériaux à la pénétration par des liquides.

NF EN 13034 : août 2005 : Vêtement de protection contre les produits chimiques liquides. Exigences relatives aux vêtements de protection chimique offrant une protection limitée contre les produits chimiques liquides (équipement de type 6 et de type PB (6)).

NF EN ISO 13982-1 : avril 2005 : Vêtement de protection à utiliser contre
les particules solides. Partie 1 : exigences de performance des vêtements de protection contre les produits chimiques offrant une protection au corps entier contre les particules solides transportées par l’air (vêtements de type 5).

NF EN ISO 13982-2 : avril 2005 : Vêtement de protection à utiliser contre les particules solides. Partie 2 : méthode d’essai pour la détermination de la fuite vers l’intérieur d’aérosols de fines particules dans des combinaisons.

NF EN 14325 : septembre 2004 : Vêtement de protection contre les produits chimiques. Méthodes d’essai et classification de performance des matériaux, coutures, jonctions et assemblages des vêtements de protection chimique.

NF EN 14605 : octobre 2005 : Vêtement de protection contre les produits chimiques liquides. Exigences de performances relatives aux vêtements dont les éléments de liaison sont étanches aux liquides (type 3) ou aux pulvérisations (type 4), y compris les articles d’habillement protégeant seulement certaines parties du corps (type PB (3) et PB (4)).

NF EN 14786 : juillet 2006 : Vêtement de protection. Détermination
de la résistance à la pénétration par les produits chimiques pulvérisés,
les émulsions et les dispersions. Essai de pulvérisation.