Casques : grands protecteurs... quand ils sont portés !
La protection  de la tête ne se négocie pas, les équipements, en revanche, évoluent. Sur un chantier ou dans une usine le port du casque représente encore une contrainte pour certains utilisateurs. Les fabricants, conseillés dans le meilleur des cas par les porteurs eux-mêmes et les préventeurs, jouent plutôt bien le jeu de l’innovation. Une évolution très sensible des EPI aussi bien en termes de confort, de poids que de design du casque. En garantissant plus que jamais son de protection l’accessoire se découvre de nouvelles fonctions.
" Vous êtes prêts à mettre 25€ dans une paire de chaussures de sécurité, c’est bien. Pour un casque 5€ vous semblent un grand maximum. Un salarié qui ne porte pas de chaussures de sécurité risque de perdre le pied, un compagnon qui aura un casque de mauvaise qualité perdra la vie en cas de chute d’un outil ou d’un objet ! » s’emporte un fabricant qui interpelle le responsable des EPI d’une grande entreprise de transport. Même si dans certains secteurs d’activité, le bâtiment notamment et les TP notamment, le port du casque est devenu un réflexe, et la qualité des EPI globalement de bonne qualité, il n’en est pas de même dans certains environnement industriels ou de services.
Une  perception du risque, souvent minorée, apparaît comme un frein au port du casque, et surtout du bon casque. Lors d’une table ronde réunissant des utilisateurs, artisans notamment, la société MSA a pu mesurer le chemin qu’il reste encore à parcourir. « Le risque numéro 1 concerne les mains, ensuite vient la tête », « Non, je dirai d’abord les mains, ensuite les pieds, puis la tête…», rendent compte certains les citations puisées au cours des différents échanges. «Nous devons avoir une démarche marketing à l’inverse de celle trop souvent pratiquée.
Nous devons d’abord écouter les utilisateurs sur le terrain. Les compagnons, les artisans, les salariés de l’industrie doivent nous guider dans l’évolution de nos gammes, même si nous sommes le premier fabricant au monde avec 10 millions d’unités vendues, dont 8 millions aux Etats-Unis ! » remarque Olivier Thomasset, responsable des ventes industrie au sein de MSA.
Porte-badge sur le casque
Mais que demandent exactement les utilisateurs ? « D’abord plus de confort, pour que le casque soit porté, souvent toute la journée il faut en faire un équipement à la fois léger, résistant et bien adapté à chaque compagnon. Il faut notamment être capable d’apporter des réponses efficaces dans des conditions d’utilisation particulières, comme en été lorsqu’il fait très chaud. Une autre série de demandes, issues cette fois des chefs d’entreprises ou des préventeurs concernent les accessoires et équipements qui peuvent venir se greffer sur le casque. C’est le cas par exemple avec les lunettes intégrées qui connaissent un réel succès, permettant ainsi à chaque compagnon de disposer d’une protection des yeux simultanée », poursuit le responsable de MSA. L’autre évolution importante, sur laquelle se penchent les fabricants, concerne l’image du casque lui-même. Son design, sa couleur, mais aussi la possibilité de le transformer en support d’information. Le fabricant américain estime avoir sur ce domaine une longueur d’avance avec la mise en place d’un porte-badge sur le devant de l’EPI ; « Nous avons été sollicités il y a plus d’un an par Vinci pour équiper les compagnons qui travaillent sur la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux. Aujourd’hui cet équipement se généralise. Le casque joue un double rôle : protection de la tête et contrôle d’accès. Sans casque le compagnon ne peut pas accéder au chantier ».
Un modèle à 285 grammes
En termes d’ergonomie, de confort, mais aussi bien sûr de sécurité, le poids des casques demeure un enjeu important pour les fabricants. « Les produits sur le marché font en moyenne 350 à 400 grammes, nous sommes parvenus à développer un casque qui pèse 285 grammes, devenant une référence au sein de grandes entreprises comme la SNCF ou Vinci. Nos gammes profitent aussi de nombreuses innovations en matière de harnais, qui s’adaptent à chaque morphologie, de réglage en hauteur grâce à une molette, ou encore de protection des yeux intégrées directement dans le casque » détaille Pierre Dizier, directeur commercial de JSP, fabricant anglais qui revendique le casque de sécurité le plus résistant du marché, le Mk8 Evolution. L’industriel britannique évoque aussi les conditions particulières rencontrées sur le marché local, notamment en matière de météo ( !) pour mettre en avant une innovation majeure en termes de sécurité. « Une de nos options les plus innovantes réside dans la présence d’un réflectif de très haut niveau, de classe R2, sur nos casques de sécurité. Nous avons longuement testé ces dispositifs sur routes et autoroutes, de nuit, par temps de pluie et il apparaît que ces EPI sont 60% plus réfléchissants que les vêtements » poursuit le responsable de JSP.
Les casquettes tiennent tête
Un autre type de protection de la tête intéresse depuis déjà plusieurs années les fabricants d’EPI : la casquette anti-heurt. Il semble que de ce point de vue là le marché français soit très dynamique et constitue, avec l’Allemagne, les deux plus gros potentiels en Europe. Destinée d’abord à l’industrie la casquette anti-heurt put aussi trouver sa place sur un chantier du bâtiment dans des conditions particulières. « Sur une site en déconstruction par exemple, quand il n’y a plus d’engins ou de grues, donc de risques de chutes d’objets, la casquette peut parfois remplacer le casque » constate un préventeur, intervenant dans une grande entreprise de bâtiment. La casquette qui répond à une demande bien réelle en termes de confort mais aussi et surtout de design et d’allure ne remplacera bien entendu jamais le casque en situations de risques de chutes d’objet, en revanche elle s’impose dans des environnements industriels ou le salariés risque de heurter un montant métallique ou tout autre élément fixe.
Quelle durée de vie ?
Les casques développés aujourd’hui par les principaux fabricants affichent des durées de vie allant jusqu’à 5 ans, contre 3 ans précédemment. Un seuil toutefois assez théorique puisque plusieurs éléments entrent en ligne de compte, comme la qualité de la maintenance et l’entretien des EPI. Dans beaucoup d’entreprises la dotation prévoit un changement tous les ans, anticipant largement sur la durée de vie maximale du casque. « Nous rencontrons aussi des compagnons qui refusent de se séparer de leur casque ! » s’amuse un fabricant. Une approche certes un peu anecdotique mais qui justifie toutes les opérations de contrôles qui peuvent intervenir sur ces protections de la tête. 3M, un des leaders mondiaux du secteur, a poussé l’innovation un peu plus loin en intégrant à sa nouvelle gamme de casques Peltor G3000 un indicateur d’usure UV. « C’est un petit disque qui, en changeant de couleur, indique qu’il est temps de remplacer le casque et évite qu’il soit utilisé trop longtemps. En effet, fragilisé par les UV, un casque ne protège plus correctement son utilisateur. Cette technologie évite également de remplacer un casque prématurément et permet donc aux entreprises de réaliser des économies non négligeables, les conditions d’ensoleillement étant variables d’une région à une autre » précise le fabricant qui dispose d’un brevet pour cette innovation. Qui dit turn-over et remplacement dit aussi « fin de vie et recyclage ». Si la France ne fait pas figure de précurseur en la matière, nos voisins anglais ont, en ce qui les concerne une longueur d’avance sur la question. « Sur le marché britannique nous offrons le retour et le recyclage à nos clients. En tant que fabricants de systèmes de signalisation, comme les cônes routiers, nous réutilisons ainsi la matière première recyclée » conclut Pierre Dizier.
4 normes européennes pour faire son choix
 EN 14052.  Il s’agit de la norme haute performance pour les casques de sécurité. Le cahier des charges inclut les exigences de protection contre les chocs latéraux, les tests exigent que la coquille soit soumise à un choc de 150 joules. 100 joules sur le dessus, soit un poids de 5 kg tombant de 2 mètres de haut, et 50 joules sur le côté, soit un poids de 5 kg chutant de 1 mètre latéralement. A cela s’ajoute un test de pénétration par un poids pointu.

 EN 397.  C’est la norme classique pour les casques de sécurité. Créée il y a une cinquantaine d’années cette norme prévoit un test sur le sommet uniquement avec un choc de 49 joules. Cette norme ne prévoit pas de tests d’impact latéral.

 EN 50365 électrique.  Il s’agit d’un cahier des charges additionnel pour les casques utilisés lors de travaux sur des installations jusqu’à 1000 V. Les tests sont réalisés à 10 000 V, les casques ventilés peuvent  répondre même s’ils ne sont pas conformes aux exigences concernant l’isolation électrique de l’EN 397 et EN 14052.

 EN 812 :A1.  Cette norme a été mise en place pour casquettes anti-heurt. Pour répondre aux exigences de la norme le test est réalisé à l’aide d’un poids de 5 kg de forme plate qui heurte 4 fois la casquette avec une force de 12 joules (chute de 25 cm).
3 questions a...   Hérakles Katsikas,  
responsable prévention du groupe Sicra (Vinci construction)
Le port du casque est-il encore sujet à débat au sein de votre groupe… ?
Non, chez nous le casque est sans doute l’EPI le plus porté. Nous avons dépassé le stade « Portez votre casque », maintenant nous sommes passés à l’étape « Portez vos lunettes, vos protections auditives, vos gants… » ! Jusqu’à présent nos 400 compagnons étaient équipés avec le casque Kara de chez Auboueix. Cet EPI constituait déjà l’aboutissement d’une réflexion, nous avions intégré la ventilation, un serre-tête réglable, des lunettes. C’est un produit de qualité d’un poids très raisonnable. Mais aujourd’hui nous sommes dans une démarche d’évolution de nos EPI. Nous allons changer les chasubles, fournir des lunettes de qualité et souhaitons que le casque serve à protéger la tête et uniquement la tête.

Quels sont les principaux critères qui orientent votre choix ?
Le poids est bien entendu très important. Il faut que nos compagnons puissent porter le casque toute la journée. Avec les lunettes intégrées nous étions à 480 grammes, aujourd’hui nous tablons sur un casque à 400 grammes, sans pour autant faire de concession sur la qualité et sur ses capacités de résistance aux chocs. La forme de la coiffe représente aussi un critère de choix. Nous trouvons aujourd’hui des produits qui enveloppent mieux et descendent plus bas sur la nuque. Cela peut-être important lorsque l’on travaille sur une tour de 30 étages, en plein vent. Nous sommes aussi à l’écoute des fabricants qui travaillent sur des modèles avec un bonnet adaptable que l’on peut passer sous l’eau froide et qui vont garantir une certaine fraîcheur pendant une heure et demi ou deux heures, en périodes de fortes chaleurs.

Fabricants et utilisateurs mettent aussi en avant le casque comme vecteur d’image de l’entreprise…
C’est tout à fait le cas ! Nous mettons cela en pratique sur deux plans chez Sicra. D’une part nous équipons les personnes présentes sur le chantier de couleurs différentes : rouge pour le chef de chantier, bleu pour le chef d’équipe, blanc pour les compagnons. Ainsi le grutier pourra aussi mieux identifier, depuis sa cabine, le chef de manœuvre ou les personnels formés à l’élinguage, qui pourront avoir un EPI différent. Par ailleurs, nos casques vont être équipés d’un porte-badge et sérigraphié avec notre logo sur les côtés, c’est un support de communication dont tout le monde sur le chantier, dispose !