Haute visibilité : la qualité a son prix
S’agissant d’un équipement de protection, la problématique du vêtement haute visibilité est simple à percevoir : il doit être adapté au risque et répondre à son objectif de visibilité dans les conditions requises. Ensuite, pour être porté, cet équipement doit satisfaire d’autres conditions…
Beaucoup de professionnels sont concernés par le port de vêtements de signalisation, notamment de haute visibilité. Leur port est rendu obligatoire par la loi en fonction des conditions de travail auxquelles sont confrontés les opérateurs. Généralement, les vêtements de signalisation sont portés par les travailleurs intervenant dans les travaux publics, les services de ramassage des déchets, le personnel travaillant sur les pistes d’aéroport. Ils sont également utilisés dans le domaine des transports routiers (transporteurs, sociétés d’autoroutes…), des transports ferroviaires ou encore par les services de secours et de police. En fait, dès lors qu’il y a un risque lié à des véhicules menaçant des piétons, il sera question de haute visibilité, pour les particuliers comme pour les professionnels.
Depuis une vingtaine d’euros jusqu’à 10 à 15 fois plus cher selon le type d’équipement, la palette de l’offre est extrêmement large, tout comme les qualités qui correspondent à ces gammes de prix. Les produits sont de plus en plus variés et les exigences des clients multiples, avec une notion de confort extrêmement présente. Même s’il existe une clientèle pour les produits d’entrée de gamme, le marché est heureusement plutôt tiré vers le haut par des vêtements très techniques et de qualité.
Argument prix : oui, mais…
A condition de bien entendre les propos dans leur contexte, tous les arguments prix ont leur sens et peuvent être justifiés. Si un équipement ne doit servir que très ponctuellement – une fois ou deux – sans avoir à subir de nombreux cycles de nettoyage, chacun conviendra que s’il remplit sa fonction, il serait vain de le payer cher. A l’inverse, lorsque l’on se situe à des niveaux de qualité respectables, la durée de vie des équipements s’est allongée, avec, en parallèle, une tendance plus forte à la dotation à l’usure à la place des dotations individuelles, notamment dans les collectivités. La veste qui sera fournie à l’agent coûtera peut-être 150 euros au lieu de 50 euros il y a deux ou trois ans, mais celle-ci affichera une durée de vie 4 fois plus importante. Les EPI ne seront donc plus remplacés tous les ans, mais, au fil du temps, en fonction de leur degré d’usure. Ramené à la durée de vie de l’EPI, son coût annuel devient alors très raisonnable.
Confort et design
Leader dans la haute visibilité, 3M fabrique depuis plus de 50 ans des bandes rétro réfléchissantes, destinées à la fabrication de vêtements pour les professionnels. D’une façon générale, ce fabricant réputé - qui travaille avec des confectionneurs partenaires mais aussi avec certains clients finaux - note une demande de plus en plus sensible en termes de confort et de design des vêtements sans pour autant, bien entendu, altérer de quelque façon que ce soit la sécurité. Le nombre croissant de femmes portant ce type d’EPI n’est d’ailleurs sans doute pas étranger à cette évolution. Toutefois, la contrainte technique demeure toujours aussi forte : les bandes doivent être capable de résister au lavage industriel et surtout au séchage qui peut atteindre les 155 °C. 3M a mis au point des produits ignifugés en aramide, de même nature que le matériau du vêtement lui-même et offrant les mêmes performances.
La qualité, condition de la sécurité
Pour aborder souvent la question avec ses clients, utilisateurs finaux et acheteurs, Didier Ferrand connaît bien cette question. Directeur d’agence de la société SEISE (Saint Laurent du Var), Expert EPI du groupement Cofaq-Master Pro, il est régulièrement confronté à ce type de question : « le point essentiel est la notion de sécurité, de risque mortel. Nous nous efforçons de proposer des équipements rétro-réfléchissants qualitativement supérieurs à ce qui est exigé. Parce que la possibilité de 75 à 100 lavages à 60°, c’est plus sûr que 50 lavages à 40°. » Il y a un arbitrage économique à la clé, mais tout le monde peut comprendre ce discours.
Microbilles ou microprismes ?
Il y a au moins deux technologies valables pour les textures rétro-réfléchissantes. Pour 3M, qui utilise depuis de nombreuses années les technologies micro-billes et microprismatique, les deux produits ont du sens, mais pour des applications différentes. Dans le cas d’un vêtement de travail prés du corps, les bandes microbilles confèrent un plus grand confort et offrent une meilleure durabilité au lavage. En revanche, lorsqu’il y a un besoin d’image de l’entreprise sur une parka par exemple, la technologie microprismes  a toute sa raison d’être. Notamment parce qu’elle permet d’utiliser d’autres couleurs que le gris. De fait, les deux technologies n’ont pas les mêmes bénéfices : « les microbilles sont plus souples, permettent d’être mieux vu de près mais sont moins réfléchissantes, indique Didier Ferrand. Pour leur part, les microprismes permettent d’être vu de beaucoup plus loin. Certains vêtements combinent les deux technologies. Je pense à Chatard en particulier, avec un modèle récent. »
Visible jusqu’à 800 mètres
Les bandes à micoprismes réfléchissent jusqu’à  3 fois plus que celles réalisées à partir de la technologie billes de verre. La première fonction d’une bande est d’être vu de loin et en particulier dans des conditions difficiles (nuit, pluie). « Les bandes microprismes sont visibles jusqu’à 800 mètres » nous indiquait Jean-Philippe Roy, alors responsable commercial EPI chez Reflexite. Les microbilles (90% du marché) devraient peu à peu céder du terrain à la technologie microprismes compte tenu de leurs performances et de leur plus grande résistance.
Durcir la norme ?
Dans des conditions d’utilisation difficiles, en extérieur et exposée aux intempéries, la fonction rétroréfléchissante d’un vêtement doit être intacte. Ce qui n’est pas toujours le cas. « Est-il normal que la norme EN 471 tolère une diminution jusqu’à 70 % de la rétroréflexion sous la pluie, sachant qu’il pleut en moyenne 80 à 100 jours par an en Europe ? Est-il normal que les bandes ne soient pas testées sous la pluie après avoir effectué le nombre de lavages garantis ? » s’interrogent certains fabricants qui veulent faire valoir leur offre. En effet, si l’on prend l’exemple d’une bande garantie 50 lavages à 60°C, la norme EN471 va contrôler que cette bande dispose toujours du minimum de 100 cd / lux / m² après les lavages, mais par temps sec et non pas par temps de pluie. De plus, la méthode utilisée par la norme pour les lavages ne correspond pas à la réalité.
Si on reprend l’exemple précédent, le test consiste à laver 50 fois d’affilée la bande et à la sécher une seule fois. Dans la réalité, l'utilisateur qui nettoie son vêtement le séche à chaque cycle de nettoyage. Le séchage constituant une partie importante de l’abrasion subie par le vêtement, on peut se demander si les bandes seront toujours conformes.
Vêtements Haute visibilité et norme EN 471 : classe, etiquetage, indice
Plusieurs normes s’appliquent aux vêtements haute visibilité. La norme européenne EN 471 est la seule norme qui s’applique aux vêtements de signalisation à usage professionnel. Les normes EN 1150 ou EN 13556 s’appliquent aux vêtements de signalisation à utilisation non professionnelle et ne nous intéressent donc pas ici.
Il existe trois classes de vêtements de signalisation. La classe dépend de la surface de matière réfléchissante et de la surface rétroréfléchissante dont est composé le vêtement.
Dans l’étiquetage, le pictogramme du gilet comporte 2 chiffres sur le côté droit :
X : Classe du vêtement (de 1 à 3) basée sur la superficie minimale des matériaux fluorescents et rétro-réfléchissants.
Y : Indice définissant la classe de performance photométrique (de 1 à 2 - 2
étant la meilleure) des matériaux rétro-réfléchissants.
Quels critères de choix ?
Directeur d’agence de la société SEISE (Saint Laurent du Var), Expert EPI du groupement Cofaq-Master Pro, Didier Ferrand a listé pour vous quelques critères qu’il convient de prendre en compte, selon vos priorités, avant de vous équiper en vêtements haute visibilité.  Autant de points sur lesquels il convient d’avoir une position… réfléchie.
> respect absolu des normes européennes
> prix, cohérent avec le budget défini
> qualité des matières utilisées (normes environnementales…)
> confort (utilisateurs)
> esthétique (utilisateurs) : vêtement de protection / vêtement d’image
> disponibilité (stock ou sur-mesure, délais…)
> entretien (qui ? comment ? fréquence ? durée de vie...)
> réforme des vêtements en fin de vie 
3 questions a...   Philippe Auchapt,
Conseiller en Prévention Hygiène et Sécurité, mairie de Joinville-le-Pont 
Comment analysez-vous la problématique du vêtement haute visibilité ?
Tout simplement en restant centré sur les fonctions de base, c’est à dire les plus importantes : il s’agit de vêtements de signalisation, qui doivent donc être très visibles de loin dans toutes les conditions et qui, pour être effectivement portés, doivent être confortables. La maille (polyester) doit être très serrée. La classe 2 de couleur jaune nous convient parfaitement. Certaines grandes marques vous apportent des garanties de fait, auxquelles nous sommes sensibles. L’entretien doit pouvoir être assuré par les agents eux-mêmes sur les sites. Ils disposent pour cela d’une machine et d’un sèche-linge. Sur une base déclarative, nous traçons à peu près l’entretien et le nombre de cycles de lavages et puis sur le terrain, nous avons l’œil. Cela nous conduit en moyenne à deux dotations par agent et par an.

Comment choisissez-vous vos vêtements haute visibilité ?
Nous sommes une collectivité, qui compte près de 150 agents équipés sur le terrain. Nous avons observé que les agents sont sensibles à la sécurité et au confort. Notre fournisseur nous présente plusieurs modèles qui répondent à ces critères ainsi qu’aux contraintes budgétaires, ensuite de quoi nous procédons à des essais.
Ce sont les agents eux-mêmes qui nous disent leur préférences, qui peuvent être aussi bien que le gilet soit en polaire, que les poignets soient en laine extensible ou que la capuche ne soit pas trop épaisse.

Quel style de vêtement a votre préférence ?
Notre expérience nous a conduit à préférer les vêtements « 4 en 1 » : un gilet de visualisation, un gilet fourré en polaire  sans manches, des manches pour l’hiver et une parka dont on peut relever les manches . Ces différents composants bénéficient de bandes rétro-réfléchissantes de classe 2 derrière et devant.