Nettoyage : forte sinistralité !
Agents du nettoyage : faire évoluer leurs conditions de travail pour mieux protéger leur santé
Essentiel mais encore trop souvent invisibilisé, le travail des agents de nettoyage expose celles et ceux qui l’exercent à de multiples risques : forte intensité physique, horaires décalés, isolement, contact fréquent avec des produits chimiques et agents biologiques. Dans une expertise récente, l’Anses met en évidence la combinaison de ces facteurs et leur impact sur la santé physique et mentale des travailleurs, en particulier des travailleuses, majoritaires dans ce secteur et souvent en situation de précarité. L’Agence préconise des mesures spécifiques pour améliorer leur protection et leurs conditions de travail.
Les agents de nettoyage subissent davantage d’accidents du travail et de maladies professionnelles que dans la plupart des autres secteurs. Ces pathologies sont principalement des troubles musculosquelettiques (TMS), près de deux fois plus fréquents que chez l’ensemble des salariés. Les licenciements pour inaptitude sont eux aussi deux fois plus nombreux. Plusieurs enquêtes confirment un état de santé globalement plus dégradé chez ces salariés, conséquence directe de la pénibilité et du manque de reconnaissance de leur activité.
Une profession féminisée et précaire
L’étude de l’Anses s’appuie sur des statistiques nationales et des travaux scientifiques pour analyser les déterminants professionnels, économiques et juridiques du nettoyage, notamment dans les bureaux, les halls d’immeubles et les sanitaires. Hors travail à domicile, ces agents exercent dans le secteur public comme dans des entreprises privées, souvent prestataires de services : en 2020, 35 % d’entre eux étaient employés sous ce statut dans le public, contre 65 % dans le privé.
Près de 75 % des agents sont des femmes, âgées en moyenne de 45 ans, souvent immigrées ou d’origine étrangère. Elles travaillent majoritairement à temps partiel, cumulent plusieurs employeurs et interviennent sur différents sites, ce qui accroît la fatigue et limite la stabilité de leurs revenus.
L’organisation du travail aggrave les risques
Efforts physiques intenses, exposition aux produits chimiques, horaires décalés, cadence élevée et travail isolé dessinent un ensemble de contraintes qui altèrent durablement la santé. L’externalisation croissante des prestations de nettoyage a accru cette pression : la part de salariés externalisés est passée de 23 % en 1982 à 65 % en 2020, tandis que la durée moyenne hebdomadaire est tombée de 33 à 25 heures. Cette évolution provoque une intensification du travail, une baisse des salaires et des compromis sur la qualité des prestations.
Les recommandations de l’Anses
Pour réduire les risques, l’Anses propose trois axes prioritaires :
• lancer une campagne nationale dédiée à la prévention des TMS ;
• favoriser le travail en journée pour limiter l’isolement et la précarité ;
• rendre les dispositifs de prévention plus accessibles et adaptés à ce public souvent éloigné de l’information.
En cas d’externalisation, l’Agence souligne la nécessité de rappeler la responsabilité légale des entreprises utilisatrices, de renforcer leur coopération avec les prestataires et d’envisager une évolution du calcul des cotisations « accidents du travail / maladies professionnelles » afin d’en partager équitablement la charge.
Photo d’illustration © Getty Images


